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Comment Kendrick Lamar a remporté le Super Bowl LIX

Photo du rédacteur: SARABARA MUSICSARABARA MUSIC

Sa performance à la mi-temps fut une nouvelle démonstration magistrale de l’art de jongler avec les contradictions.(Comment Kendrick Lamar a remporté le Super Bowl LIX)

Depuis que Kendrick Lamar avait annoncé qu’il assurerait le show de la mi-temps du Super Bowl LIX, une question brûlait toutes les lèvres : allait-il interpréter "Not Like Us" ?

C’était le morceau de l’année 2024, probablement le plus grand succès de sa carrière, mais aussi un diss track cinglant rempli d’accusations virulentes contre Drake et son entourage. Il ne pouvait pas l’ignorer, mais pouvait-il vraiment le chanter sur une scène aussi universelle ?

Cette tension était palpable durant les dix premières minutes de son set de quatorze minutes. Il a subtilement teaser "Not Like Us" avant de finalement se lancer, censurant la ligne contenant le mot "pédophile" mais laissant tout le stade hurler "A minorrrrr". Il arborait même une chaîne ornée d’un pendentif en forme de "a" minuscule.



Kendrick Lamar a interprété plusieurs morceaux de son dernier album «GNX», ainsi que quelques-uns de ses classiques. [REUTERS/Mike Segar TPX IMAGES OF THE DAY]
Kendrick Lamar a interprété plusieurs morceaux de son dernier album «GNX», ainsi que quelques-uns de ses classiques. [REUTERS/Mike Segar TPX IMAGES OF THE DAY]

Comment Kendrick Lamar a remporté le Super Bowl LIX

La performance de Lamar tournait autour des attentes : les reconnaître, s’en moquer et les ignorer complètement. C’était le premier Super Bowl auquel assistait un président américain en exercice – et ce président n’était autre que Donald Trump. Il était donc approprié que Kendrick fasse appel à Samuel L. Jackson pour incarner Uncle Sam, la personnification de l’Amérique, ouvrant le show avec cette déclaration solennelle : "C’est le grand jeu américain !"



Une phrase lourde de sens. Comme pourraient le souligner ses détracteurs, le football américain est un sport dont l’objectif est de conquérir le territoire adverse, et le Super Bowl est une orgie de consommation, de publicité et de mise en scène excessive. Quelles que soient ses opinions sur ce sport et la NFL, Kendrick est indéniablement conscient de ces critiques. Tout au long de sa performance, il a réfléchi à ce que cela signifiait pour lui, la voix la plus importante du rap, de se voir confier les clés de cette institution culturelle.

"Trop bruyant, trop imprévisible, trop ghetto !" a lancé Uncle Sam après que Kendrick a interprété son récent hit "squabble up". (D’ailleurs, quel plaisir d’entendre la voix de Debbie Deb résonner au Super Bowl !) "Monsieur Lamar, savez-vous vraiment jouer le jeu ? Alors reprenez-vous !"



Kendrick a répondu à cette réprimande avec "HUMBLE.", probablement son morceau le moins humble. Pendant qu’il rappait, sa troupe de danseurs noirs – vêtus de rouge, blanc et bleu – formait un drapeau américain vivant. Plus tard, sur "man at the garden" extrait de GNX, il a performé sous un lampadaire, comme s’il était de retour dans son quartier, entouré de ses amis. Uncle Sam n’a pas été impressionné : "Ah, je vois que tu as ramené tes potes avec toi. L’astuce culturelle habituelle. Arbitre, enlève un point !"


Comment Kendrick Lamar a remporté le Super Bowl LIX

Lamar a toujours excellé dans l’art de jongler avec les contradictions, et au Super Bowl, il a maintenu un équilibre parfait entre toutes les attentes. L’Amérique grand public attendait une chose de lui. Les vrais amateurs de rap en espéraient une autre. Les conservateurs redoutaient un scandale. La scène était immense : Kendrick avait l’opportunité de faire une déclaration forte, mais après le scandale du "wardrobe malfunction" de Janet Jackson et d’autres controverses, la NFL voulait à tout prix éviter les prises de position trop marquées. Comment allait-il réussir à satisfaire tout le monde ?



En invitant l’incomparable SZA sur "luther" et "All the Stars", issu de la bande-son de Black Panther, Kendrick a laissé entrevoir une réponse possible. "Ouais !" a lancé Uncle Sam. "C’est ça que l’Amérique veut. Doux et apaisant. Tu es presque arrivé. Ne gâche pas tout…"

Et c’est à ce moment-là que Kendrick s’est enfin lâché sur "Not Like Us". Le sourire qu’il a affiché en rappant "Hey Drake, I heard you like ’em young" a été le moment le plus glacial de la soirée (juste derrière la bombe de Jaylen Hurts pour DeVonta Smith au troisième quart-temps, alors que les Eagles auraient dû faire tourner l’horloge). Et la ligne "A minor" hurlée par un public qui, apparemment, a aussi acclamé Trump et hué Taylor Swift, a été comme un touchdown.

Uncle Sam n’a plus reparu. Les derniers mots de Kendrick ? "Éteignez cette télé." Et à ce moment-là, vous auriez pu le faire. Comme tout fan des Chiefs déçu pouvait vous le dire, les vainqueurs de la soirée étaient déjà connus.




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